Irlande : l’Union européenne veut des peuples obéissants

, par Robert Joumard

Six mois après le rejet par les Irlandais du Traité de Lisbonne, le gouvernement irlandais veut faire revoter les Irlandais avant fin octobre 2009 sur le même traité assorti de quelques promesses du Conseil européen. Celui-ci s’est réuni à Bruxelles les 11 et 12 décembre 2008 et a débattu « des éléments destinés à répondre aux préoccupations exprimées lors du référendum irlandais et a défini une démarche afin de permettre au Traité de Lisbonne d’entrer en vigueur avant la fin de 2009 », selon le communiqué duConseil

Pour la 5e fois en 15 ans, les dirigeants européens et les chefs d’Etat ou de gouvernement ont décidé qu’un peuple n‘avait pas le droit de refuser l’Union européenne qu’ils construisent, cet instrument intergouvernemental qui leur permet de s’affranchir de la souveraineté populaire pour imposer la concurrence, c’est-à-dire le droit du plus fort. Les trois derniers ‘non’ concernent exactement le même projet, rejeté clairement par les peuples de deux des pays fondateurs de l’Union, puis par le peuple irlandais. Belle illustration du mépris ou plutôt du refus de la démocratie par ces dirigeants, et du caractère non démocratique de cette construction européenne-là qui leur permet d’agir de la sorte. L’analyse du système politique de l’Union montre s’il en était besoin que l’Union ne souffre pas de ‘déficit’ démocratique, mais n’est tout simplement pas une démocratie. Elle est la structure institutionnelle faite pour assurer quoiqu’il arrive la domination néolibérale, la domination d’une toute petite minorité dont la cupidité est à la mesure du pouvoir.
Malgré l’échec retentissant de leur modèle économique, malgré le refus des citoyens, les dirigeants européens et nationaux, les néo et sociolibéraux, espèrent vaincre encore.
Aux peuples de s’exprimer et d’imposer leur volonté. Ils n’ont jamais été dans une période aussi favorable.