présentation du RAID

Tunis, le 25/12/1999

Tunis, le 25/12/1999

Bref historique du RAID

Nous nous sommes réunis le 9 septembre 1999 à Tunis pour former l'association "Rassemblement pour une alternative internationale de développement" (RAID). Le jour même nous avons déposé les statuts de l'association, comme le veut la loi tunisienne, auprès des services du Gouvernorat de Tunis afin d'obtenir l'agrément légal.

Le 9 décembre 1999, le délai légal de trois étant passé, et vu que notre association n'a pas reçu de refus, nous avons déclaré publiquement sa constitution légale.

La loi tunisienne stipule que toute nouvelle association, passé le délai de trois mois et dans la mesure où elle n'a pas reçu une réponse négative motivée du Ministre de l'Intérieur, doit faire une publication au Journal officiel. Mais, pour ce faire le récépissé que délivre l'administration au moment du dépôt des statuts est nécessaire. En ce qui nous concerne, l'administration a enfreint la loi sur les associations en refusant obstinément de nous donner le fameux récépissé.

Nous avons envoyé un fax (le 14/10/1999) au Ministre de l'Intérieur pour porter les faits à sa connaissance, en tant qu'autorité de tutelle, et en le priant de donner ses ordres pour qu'on nous délivre enfin le reçu en question. Dans le même sens, le Président d'ATTAC, Bernard Cassen, a adressé, le 2/11/1999, un fax au Président de la République tunisienne. Mais nous sommes toujours sans réponse.

Le RAID entend faire valoir son droit à une existence légale, c'est pour cela que toute forme de soutien et de solidarité nous est fortement utile. Mais, le RAID n'entend pas rester les bras croisés en attendant le récépissé. Nous nous sommes déjà mis au travail, et une première table ronde, à été organisé avec succès le 18/12/1999, son thème était : "Les alternatives à la mondialisation financière : bilan et perspectives".

Et nous nous réjouissons d'autant plus de cette réussite du fait qu'elle fut l'aboutissement d'un travail de partenariat triparti entre le RAID d'un côté, en tant qu'initiateur de la table ronde, l'Ong internationale "el taller", comme hôte, et la section ATTAC-Rhône (France) qui nous a soutenu dans notre action dès le début et qui a envoyé son président pour animer cette table ronde.

Qu'est-ce que le RAID ?

Le RAID a été formé en tant qu'une expression de refus, émanant de la société civile en Tunisie, de la mondialisation néolibérale dont le rythme tend à s'accélérer depuis quelques années. Ce phénomène qui procède d'une liberté accrue des mouvements du capital, de l'investissement et du commerce, porte de graves atteintes à la collectivité humaine et à la nature.

L'ordre néolibéral qui se met en place consacre la main-mise sur l'avenir de notre monde de quelques institutions internationales "démocraticides", qui confisquent la citoyenneté des citoyens et la souveraineté des peuples et des Etats : l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), qui agissent pour le compte des firmes transnationales et des spéculateurs financiers et des intérêts économiques dominants, contre les intérêts de milliards d'êtres humains.

Alors que l'oligarchie libérale s'approprie davantage la planète, les pays du Sud sont soumis au régime dévastateur des Programmes d'ajustement structurel qui font peser une lourde hypothèque sur leur développement tout en organisant le transfert de leurs richesses vers les pôles économiques dominants du Nord, essentiellement par le paiement des intérêts de la dette, les concessions et avantages multiples qu'accordent les Codes de l'investissement aux sociétés transnationales...

Nous vivons dans un monde de plus en plus inégal, injuste et qui entrave les aspirations légitimes (de plus de quatre milliards d'êtres humains) ; au développement et au bien être. La part, dans le produit mondial brut, qui revient aux sept pays les plus riches en 1998 a atteint 60% ; tandis que celle des 124 pays les plus pauvres s'élevait à peine à 16%. Un exemple illustre bien cette tendance à l'accumulation de la richesse entre les mains d'une poignée de nantis : en 20 ans la Suisse est devenue de 52 à 508 fois plus riche que le Mozambique. Plus révoltant encore : 40.000 enfants meurent chaque jour à cause de maladies liées à la famine.

La Tunisie n'est pas et ne sera pas épargnée par le maelström nélibéral qui fragilise sérieusement l'économie de notre pays. Et l'entrée, en 1996, de la Tunisie dans une Zone de libre échange (ZLE) avec l'Union européenne, n'arrange en rien cette situation dont les répercussions sociales, en particulier, sont déjà sensibles et iront en s'aggravant. Les catégories les plus vulnérables : les travailleurs, les pauvres, les populations des régions rurales, les chômeurs avec ou sans diplômes, les femmes, sont déjà, les principales victimes.

Les mêmes conditions concernent tout le Maghreb alors qu'aucune instance fonctionnelle inter-maghrébine n'est en mesure de peser face aux Etats et aux firmes qui veulent dominer la Méditerranée.

Les adhérents du Rassemblement pour une alternatives internationale de développement déclarent:

  1. Refuser le discours dominant du libéralisme qui impose la libre-circulation des marchandises et des capitaux et la fuite de ces derniers vers les paradis fiscaux tout en empêchant la liberté de circulation des personnes.

  1. Exiger la mise sous contrôle citoyen de l'OMC et des institutions financières internationales (FMI et BM).

Le 'Rassemblement pour une Alternative Internationale de Développement' a pour objectifs : la mise en place d'un espace de réflexion, d'analyse, de propositions et d'actions pour l'élaboration d'un projet alternatif de développement opposé au programme libéral qui a été conçu dans le cadre des institutions financières internationales (le Fonds monétaire international et la Banque mondiale). Les multiples conséquences négatives de ce programme sont, aujourd'hui, aggravées par la politique de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui met les intérêts des entreprises transnationales au-dessus des intérêts vitaux de milliards d'êtres humains ainsi que ceux des générations futures et contre tous les équilibres écologiques.

De plus, partant de l'exigence, aujourd'hui incontournable, d'une globalisation des résistances et des luttes face à la dictature des marchés, les adhérents du RAID déclarent faire partie de la dynamique du Mouvement International ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions Financières pour l'aide aux Citoyens) dont les assises internationales du mois de juin 1999 à Paris ont fixé les principaux axes de bataille :

  1. la taxation des transactions financières (taxe Tobin) et le refus des paradis fiscaux,
  2. l'annulation générale de la dette publique des pays dépendants du Sud et des pays de l'Est, l'utilisation des ressources libérées en faveur des populations et du développement durable,
  3. le gel des avoirs des dirigeants dictatoriaux et leur rétrocession aux populations via un fond de développement géré démocratiquement sur place,
  4. le refus des accords de libre-échange multilatéraux qui donnent tous les droits aux investisseurs au détriment des Etats et des citoyens.

 

Enfin, les adhérents du RAID expriment avec enthousiasme leur accord avec la proposition de jumelage entre leur association et la section ATTAC-Rhône (France) qui s'est dégagée lors de la venue du Président de cette dernière en Tunisie le 18/12/1999.