Harcèlement policier des militants de RAID-Attac

Conseil National pour les Libertés en Tunisie
Tunis le 23 octobre 2004

Le congrès de RAID-Attac (Rassemblement pour une alternative internationale de développement) qui devait s’ouvrir le 23 octobre 2004 au local du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) a été interdit par la force. Les rues attenantes au local ont été interdites à la circulation et bouclées par un imposant dispositif des forces de police le soir du 23 après la rupture du jeûne de Ramadan. Les invités de la société civile qui étaient conviés à assister à l’ouverture du congrès de RAID n’ont pas pu ainsi accéder au lieu de la réunion, tandis que les membres de RAID ont été violemment refoulés par des agents de police en civil dans toutes les artères du centre ville.

Le président de RAID, Fathi Chamkhi ainsi que son secrétaire général, Mokhtar Ben Hafsa ont été particulièrement malmenés. Ils ont été braqués par six voitures de police dirigées par le chef de district de Grombalia, alors qu’ils se préparaient à quitter leur domicile dans la banlieue sud de Tunis à Hammam Chatt. Ils ont ainsi été immobilisés durant près d’une heure, puis les agents de police les ont autorisés à quitter leur véhicule et à prendre le train. Arrivés à la gare centrale de Tunis, ils ont été « accueillis » par une cinquantaine d’agents en civil qui les ont obligés à rebrousser chemin et reprendre le train qui les a amenés, poussant le zèle jusqu’à les empêcher d’accéder aux guichets de la gare pour acheter leurs billets. De retour à Hammam Chatt, ils ont été encerclés au parking par un autre dispositif policier dirigé par le même chef de district qui les avait empêchés d’accéder à leur voiture pour rentrer, menaçant Chamkhi d’arrestation. Finalement après de vives protestations, ils ont consenti à les laisser rentrer chez eux.

Ce n’est pas la première fois que RAID -qui a été constitué en septembre 1999 et auquel les autorités ont dénié le droit à l’activité légale- est empêché de tenir son congrès ; en juin 2004, ses membres ont essuyé le même refus de se réunir au local de la LTDH, il est vrai avec des procédés moins violents.
- Le CNLT dénonce avec la plus grande fermeté cette atteinte à l’intégrité physique des militants de RAID et ces procédés dignes de bandits de Westerns ; ainsi que l’atteinte à leurs droits civiques.
 Il assure les militants de RAID de son entière solidarité et exige des autorités qu’elles respectent ce droit élémentaire des citoyens à constituer librement des associations et à tenir librement leurs réunions conformément aux lois tunisiennes et aux conventions internationales et notamment le pacte sur les droits civils et politiques, ratifié par la Tunisie.
 Il constate que le contexte de la campagne électorale où les libertés publiques sont censées être un peu mieux respectées n’a pas dissuadé le pouvoir de revenir à ses réflexes autoritaires au moment même où les Tunisiens sont assommés par un discours officiel du candidat Ben Ali sur la démocratie et l’Etat de droit.

Pour le Conseil
La porte-parole
Sihem Bensedrine